Des moments comme ça...

L'autre jour, avec un collègue on parlait retraite.
Plus vieux d'un an, il part en retraite pile avant la probable mise en application de la réforme, le veinard.
En causant, de nos âges, de nos vies, du temps qui passe, étou étou, je me suis rendu compte que j'approchais de l'âge auquel mon père est mort.
Je n'y avais prêté attention que lorsque mon frère avait atteint cet âge.
Ça ne signifie rien mais ça met beaucoup de choses en perspective sur la vie, sur la perception qu'on en a à différents âges et moments de nos existences.
Sans enfants, on ne vit certaines étapes du temps qui passe qu'au travers du regard que l'on porte sur ceux qui en ont.
Récemment, la compagne d'un neveu en parlant de nous à son fils aîné lui disait :
"Smab et Dom sont tes grands tontons..."
Me remémorant l'image que j'avais de mes propres grands tontons et grandes tatas, l'impression qui s'est imposée à moi c'est :
"Cette fois ça y est, je suis vieux !"
C'est assez déstabilisant quand dans ta tête ton cerveau de dit à longueur de journée que tu as 11 ans 1/2.
Mais il faut bien se rendre à l'évidence : mon cerveau me ment !
Bref, ça me plonge dans une mare de questionnements, tout ce qu'il faut pour que je m'y noie.

Aujourd'hui j'ai l'âge auquel mon père est mort.
(silence)
Je n'ai pas (encore) de maladie qui m'emporterait plus tôt que l'âge moyen, et, en mettant ça à côté des expériences et des marqueurs qui jalonnent une existence, cet âge, dans mes souvenirs affectifs, est une fin.
Demain sera le début d'une continuité sans que j'ai une référence paternelle pour me dire : "Tiens papa à fait ça à cet âge."
Bien sur j'ai d'autres références familiales d'hommes qui vécurent plus vieux ou sont toujours vivants mais ils ne sont pas mon père, ils ne sont pas cette balise qu'il était dans ma vie.
J'ai l'image d'avoir suivi un itinéraire à l'aide d'une carte et d'instruments de navigation et là c'est comme si je pilotais à vue.
Ça m'ouvre à une forme de conscience différente, quelque chose qui force à observer, à se pauser, à regarder le mouvement se créer.
Je suis persuadé que ça ne me rendra pas plus sage, aucune chance, tout au plus demain j'aurai 11 ans 1/2 et un jour... et encore... mais le miracle n'aura pas lieu.

Cette vie, ma vie, même si parfois ce fut rude, je ne la regrette pas. Elle m'a conduit là où j'en suis avec celui que j'aime. Si elle devait s'arrêter prématurément peut-être aurai-je quelques regrets d'inachevé, une tristesse d'être séparé de mon amour, mais ce qui aura été vécu ma foi, ça valait bien quelques misères.

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