La personne et les mots...

Le temps, finalement, est une chose qu'on ne peut que gérer, surtout en ce qui concerne celui qui nous est imparti et, plus particulièrement, celui que l'on consacre à certaines choses.
Je résume la genèse...
Cela fait des décennies (oui je suis vieux) que les mégalithes me fascinent.
Au début, il y a encore plus longtemps, je me moquais facilement des menhirs et autres dolmens, avec l'image, forcément obélixienne, des gaulois en plantant par centaines dans la lande...
Et puis en 1994, ayant une grosse demie journée à perdre, j'entrepris de visiter les mégalithes de la région où je me trouvais.
J'en vis plusieurs mais l'un d'eux me scotcha sur place.

bajoulière.jpg, avr. 2023
Devant ce monument il est devenu évident pour moi que ça ferait partie de ma vie un bon moment pour comprendre pourquoi ça existait, pourquoi on avait déployé des moyens de dingues pour en construire autant et partout.
Ce site est mon point d'entrée dans le mégalithisme.
Par la suite, j'ai lu des tas de livres sur le sujet, des inventaires départementaux, des rapports de fouilles archéologiques, des auteurs allumés, des chercheurs confirmés, etc.
J'ai fait deux tours de Bretagne pour en voir des centaines.
Parcouru les alentours des lieux où je séjournais en France, dévié de mes itinéraires pour en observer de nouveaux, passé les frontières pour en voir à l'étranger.
Bref, ça tournait à l'obsession.
Et puis c'est retombé... enfin je croyais...

Une autre chose avec laquelle je ne faisais pas le lien, c'est que depuis plus d'un an, je lis et relis le même livre, sur mes liseuses, une à la campagne et l'autre à l'appartement. Au début je mémorisais la page de pause de lecture pour la reprendre le soir sur l'autre support dans l'autre lieu. Maintenant, je reprends chaque lecture de façon singulière, comme si je lisais deux livres différents.
Une autre forme d'obsession, ou alors une sorte d'intuition pas très claire mais dont je n'arrive pas à me défaire, c'est que ce texte serait comme une étape, un marqueur, un passage obligé avant d'être capable de poursuivre. Sans doute aussi faut-il que je comprenne qu'une des réponses que je cherche n'est pas en soi ce qui importe. Ce serait plus la demande ou l'intention plutôt qu'une recherche qui permettrait d'avancer et d'obtenir ou trouver les réponses, une autre méthode en quelque sortes.
Vendredi dernier, en voulant revoir une vidéo d'un astro-physicien vue sur une chaîne ToiTube, v'la ti pô, qu'une autre vidéo de la même chaîne attire mon attention.
L'intervieweuse est la même et l'interviewé (la personne) est différent.
Je résume à l’extrême mais ce qu'il dit me parle. Il met des mots sur des expériences que nous avons en commun, il explique clairement les processus en cause, le pourquoi qui provoque et le comment qui en résulte, c'est limpide.
Je me remémore le proverbe "quand l'élève est prêt, le maître apparaît", là, ça prend tout son sens. Et le maître n'est pas forcément une personne, ce peut être une expérience, une compréhension, un indice qu'on déroule et qui apporte les réponses. Et lui, il m'apporte des réponses (les mots).
J'avais devant les yeux TOUS les indices, toutes les pistes qui convergent vers un point et le changement d'éclairage qu'apporte ce chercheur vient d'en révéler le plan.
Il me manquait du temps.
Le temps de comprendre et d'assimiler, de faire le tri, de lâcher prise, de cheminer et d'accepter l'évidence.
Il faudra qu'on retourne en Bretagne, histoire de vérifier deux, trois derniers trucs...

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