Alternatif...

En dépit d'un cocktail spécial shootage de Dom, depuis midi et dans un état second, je passe mon temps entre périodes creuses, crispations violentes, cris, gémissements et regards impuissants de Smab.

operation2006

Alors pour tenir, je repense au moment de la prise de cette photo.
Une image ça ne parle pas, alors je vais tout vous dire.
Sur l'image, c'est moi qui me prend en photo sur le lit de la clinique la veille de ma troisième opération d'une hernie discale : L3-L4, touché et presque coulé.
Donc sur l'image, vous noterez que mon pied droite penche un peu à droite.
C'est qu'en fait à ce moment là, je suis paralysé de la hanche droite jusqu'au pied.
Plus de sensation, plus de motricité à part quelques muscles profonds qui ne suffisent pas à me maintenir debout sans l'aide des murs ou des béquilles et la cruralgie qui me vrille le devant de la cuisse droite.
J'ai pas eu peur, je me suis simplement dit que je remarcherai normalement "plus tard" et qu'une partie des douleurs aura disparu dès ma sortie du bloc opératoire.
C'était en septembre 2006.
Alors de repenser à ça, ça n'efface pas la douleur d'aujourd'hui, réfractaire aux antalgiques, mais je marche, oui je marche.
Je m'accroche à ça pour endurer les décharges électriques qui partent du pied et remontent vers la hanche en suivant les parcours des nerfs sciatique et cruralgique, que du bonheur.
Physiquement ça épuise et nerveusement aussi, les crises de larmes ne sont pas loin, l'envie que ça s'arrête juste un peu plus près.
Seulement voila, je suis têtu et je continuerai de marcher même si j'ai mal, je crois et je ne crois qu'à ça, la parole de mon chirurgien, que c'est le signe que les connexions nerveuses se font et que donc la repousse des nerfs continue.
Ha mais putain que ça fait mal !
Si je devais noter cette douleur, elle serait proche de 9 sur une échelle de 10. Ce qui la rend presque "supportable", c'est qu'elle n'est pas constante, c'est un courant alternatif. Aujourd'hui elle varie d'une décharge d'environ 1 à 2 secondes toutes les 10 secondes à des décharges de même durée espacées de 2 minutes.
Il est 21h14 et c'est comme ça depuis midi.
Je n'imagine même pas ce que doivent endurer les haïtiens qui ont du être amputés et qui, entendu d'un chirurgien interviewé sur place qui en pleurait, n'ont rien pour contrer la douleur, non, je n'imagine même pas.
Ça aussi ça m'aide à tenir, moi qui suis dans mon confort occidental et eux là-bas, dans leur néant de ruines.

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