Fésons la noce !

Je me souviens au lycée, des ados que nous étions essayant de se projeter dans la vie d'adulte.
Les rêves d'études, les projets professionnels, les vies qu'on s'imaginaient, nos espoirs, nos craintes, nos possibles amours.
Dans la bande, il y avait Isa et Valérie.
De nous trois, seule Valérie avait (déjà) rencontré l'amour, son amour, celui avec qui elle savait déjà, elle voulait déjà, elle se préparait déjà à la vie des adultes. Lui deviendrait son mari, elle sa femme et ensemble ils auraient des enfants, deux enfants.
Isa était trop butineuse pour savoir déjà vers quoi ses idées la conduiraient.
Moi, je ne me voyais pas d'avenir de cette sorte.
Je ne me voyais pas cacher ce que je ne comprenais pas encore, je que je ne savais pas encore, pendant des lustres et des lustres.
Dans nos délires d'adolescents plutôt cons, on se voyait bien se marier en jean avec le sac US en bandoulière. Conneries... pourtant, même trente ans après, je m'y verrai bien.

Les années ont passé, j'ai perdu de vue Isa.
Valérie s'est mariée avec son Arnaud, ils ont les deux enfants qu'ils pensaient avoir un jour.
Moi, j'ai rencontré Smab à 38 ans.

Je n'attendais pas et je n'espérais plus rencontrer quelqu'un.
Quelqu'un que je n'aurai pas choisi d'aimer, juste quelqu'un que j'aimerai simplement parce qu'il serait la personne que mon cœur attendait.
Je ne l'ai pas aimé tout de suite. Pas le premier jour. Pas le premier soir. De ces garçons faciles je ne fais pas partie.
C'est un regard qui m'a scotché.
Son regard.
Notre rencontre relève de la chance, ou bien de l'acharnement du dieu Tapette pour faire que nos routes se croisent, se recroisent et finissent par se fondre en un seul et même chemin.

Nous voila sur ce chemin depuis plus de onze ans.
On se construit un possible avenir en fonction des chances et de l'acharnement que les potes du dieu Tapette s'obstinent à mettre devant nous.

Et puis un jour, on se réveille avec la notion du temps qui passe et qui induit le temps qu'il reste.

Nous vivons ensemble, nous vieillissons ensemble, quand l'un est malade l'autre est là, nous envisageons ensemble, nous rigolons ensemble, nous nous aimons ensemble.
Il sait mes forces et mes faiblesses, je sais sa patience, son amour, sa présence, ses attentions délicates, ses râleries, ses regards...
Mais voila, le dieu Tapette et toute sa clique sont bien malmenés ces temps-ci par la horde des adorateurs du dieu amour.
A mesure que les semaines passent, je commence à douter de répondre un jour oui à LA question qui me demandera de sceller encore un peu plus ma vie avec celle de Smab.

Et puis viendra un moment où l'un de nous laissera l'autre seul, piégé par le dieu solitude, vers la fin du chemin qu'il devra poursuivre sans l'autre.

Quelle protection aura-t-il ? Que fera-t-il ?
Quel dieu veillera sur celui qui restera si la loi des hommes ne l'autorise pas à conserver le bénéfice de ce qu'il aura construit avec l'autre ?

Par contre, je n'arrive pas à imaginer ce que sera le jour où je répondrai oui à LA question.
Comment fantasmer un tel moment ?
Je n'en suis pas capable.
Pourtant il est proche s'il doit advenir !
Il faut s'y préparer, se préparer, tout préparer et nous y préparer.
Ce moment je veux juste le vivre avec lui.
Ce moment qui ferait de nous un couple reconnu.
Un couple comme les autres, et peut-être plus fort que les autres ? Va savoir !
Mais j'y pense ! Quelle mairie ? Quel jour ? Quelle fête ? Quels invités ? Même s'il y a du monde autour de nous, ami(e)s, famille, proches, voisins, etc... je n'y serai que pour Smab, pour continuer sur ce chemin que le dieu Tapette a tracé pour nous et que nous continuerons à suivre pour plusieurs fois 11 ans encore en ayant répondu à cette putain de question.

Il faudra pour cela que la haine des adorateurs du dieu amour puisse être jugulée, que la loi des hommes puisse être écrite, que le courage des uns et la tolérance des autres puissent se rencontrer au grand banquet des dieux.
Ces dieux qui ont tant de noms, tant de visages !
Pourquoi l'amour n'aurait-il pas autant de noms et autant de visages ?
Alors avant de pouvoir répondre à cette question, il faudra d'abord poser la première de toute :

Olivier, veux-tu m'épouser ?

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